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le Monde de kikushiyo
30 mars 2013

La Carte au trésor - de Mo Yan

mo yan la carte au trésorPas de bons sentiments dans ce récit de Mo Yan, Prix Nobel de Littérature 2012. Ça éructe, ça pisse, ça chie, mais l'auteur prend souvent son lecteur à contre pied car ça rie et ça pense aussi. Le lecteur joue à la marelle littéraire, il passe d'un fou rire à une pensée du Confucianisme, puis le Ciel et revient sur Terre. Ce petit bijou se savoure sans modération (118 pages).

Mais "La Carte au trésor" est avant tout un conte que Make, ce pauvre hère qui menace de ses poux afin de se faire payer un repas, raconte en utilisant des images très parlantes.

Le conteur pourrait, comme aux antilles, pour capter l'attention commencer son récit par "Yé Kric, Yé Krac !". Ce pourrait être aussi une nouvelle égyptienne de Naghib Mahfouz. C'est parce qu'ils sont universels que les héros du conte de Mo Yan pourraient être des héros du monde entier.

Make est venu à Pékin pour retrouver son ami, son "Pote". Sans argent il va vite se retrouver sous les ponts, au contact des "mendigots couverts de vermine". Il ne lui restera que la Terre pour seul lit et le ciel étoilé pour seule couverture. C'est donc le jour des retrouvailles que l'histoire commence. Il fera tout pour se faire payer un restaurant. Les deux amis poussent la porte du restaurant de raviolis tenu par un couple de vieux ayant "trois cent ans" à eux deux.

Dans cette petite perle d'espièglerie, certaines expression sont à mourir de rire : "le crâne pelé comme un prépuce décalotté." ; "En neuvième tu portais encore des couches. Il suffisait que le professeur élève un peu la voix et ton incontinence urinaire te reprenait, tes pantalons en coton puaient la pisse sèche, ...", sympathiques les souvenirs d'enfance. L'humour est là, à chaque instant. Même la fin, plus philosophique, aura son lot de sourires au détour d'un mot, d'une phrase.

Dans ce petit texte, Mo Yan transporte le lecteur dans des contrées magiques, parfois lointaines, empreintes d'histoires de réincarnation. A travers les récits de Make, nous apprenons qu'il a mangé un raviolis à la viande de Tigre ; que celui qui se nomme Soixante, découvre à vingt ans que sa mère lance un couteau avec tant de fulgurance qu'il racontera un jour à ses enfants : "Homme de bien ne montre rien, homme de jeu dévoile son peu." Make contera encore que le jour ou il effleura de ses lèvres la moustache follette du Tigre, il eut la faculté de clairvoyance qui permet de voir l'animal tapi au plus profond de chaque individu.

La qualité de ce récit c'est avant tout son rythme fluide qui nous transporte. Je pense que la traduction est de qualité car une petite musique pleine d'humour jaillit de chaque phrase, comme une fontaine sourd de la roche.

Et bien sûr, comme dans tous les contes, cette histoire n'est pas une invention, tout y est incontestablement authentique...

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