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le Monde de kikushiyo
15 août 2013

Suite à un accident grave de voyageur - de Eric Fottorino

Quand on a vécu, comme moi, tant d'années dans la banlieue nord de Paris, tous les lieux, toutes les lignes de métros, de RER, tous les atmosphères décrits par Fottorino résonnent très clairement et évoquent tellement de souvenirs.

Suite à un accidentDurant la lecture, j'arpentais avec l'auteur quelques stations du métropolitain parisien. Sorte de pèlerinage macabre car nous revenions sur les lieux d'un étrange crime social, où des individus se sont jetés sous les rames. Sombre violence d'un suicide banal. De la station de métro Cambronne, à l'entrée du tunnel de la Défense, le lecteur suit cet itinéraire sanglant.

Comme l'auteur, je suis allé à l'Université Paris X Nanterre où j'avais pris quelques cours de Droit. Effectivement, sa description est précise, en arrivant à la station du RER Nanterre-Université, on remarque l'étrange symbole qui s'adresse à l'ensemble des étudiants, à peine posé le pied sur le quai. L'immeuble de l'Agence Nationale pour l'Emploi (ANPE qu'on appelle maintenant Pôle Emploi) juste en face de l'Université. Message subliminal ou pas ? Étudiant, méfie-toi car rien n'est acquis, semble rappeler le panneau.

En quelque sorte, l'auteur rend un très court hommage aux suicidés des transports parisiens. Ces anonymes qu'on ne voit pas et qu'on ne connaîtra jamais. D'ailleurs, ont-ils véritablement existés ? Classés dans la catégorie des "accidents de personne", ils seront condamnés à l'errance. Et puis, le trafic est momentanément perturbé, les pompiers arrivent, on bache, on nettoie et plus rien avant que le métro ne reparte "en marche prudente".

Ce livre de 62 pages est paru aux Editions Gallimard début 2013.

"Suite à un accident grave de voyageur, le trafic est interrompu." Cette phrase, je l'ai tellement entendu dans le métro ou dans le RER. A la fin, elle ne veut plus rien dire. Pour les voyageurs, elle est synonyme de retard et de difficultés qui vont se poser pour arriver à l'heure aux nombreux rendez-vous.

Fottorino humanise ces quidams, tant mieux. C'est pour cela que j'ai aimé ce petit moment de lecture. Il part à la quête de ces gens disparus. Un vieil homme, une mère de famille et une jeune femme entre autre. Mais qu'est-ce qui les a poussé à poser un acte aussi insensé ?

"Suite à un accident..." n'est pas un roman, c'est un récit, presqu'un article que l'ancien directeur de la publication du "Monde" aurait pu faire paraitre dans le quotidien du soir à la rubrique "Société". En effet, Fottorino présente même l'opinion de ceux qui râlent sur les blogs contre les suicidés.

On ne peut pas dire que ce livre soit vraiment optimiste. Au contraire, il ressasse les défauts de notre société très individualiste. Pour souligner cet isolement social qui imprègne tant de personne, Fottorino évoque le tableau "Nighthawks" de Hopper. J'ai trouvé que la comparaison était très juste. Détachons-nous, même un instants, de nos petits territoires personnels. Ne serait-il pas temps de lever les yeux et, soyons fous, de tendre la main ?

Edward_Hopper-Nighthawks-1942

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