Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le Monde de kikushiyo
25 janvier 2014

Twelve years a slave - de Steve McQueen (2014)

"Twelve years a slave" est sorti sur les écrans français le 22 janvier 2014.

Twelwe years a slave (1)

Si "Twelve years a slave" était le clip vidéo de la chanson de Billie Hollyday "Strange fruit", je dirais que c'est un bon clip. En effet, ce sont bien des corps noirs qui se balancent aux branches des peupliers du sud. Mais pas de chance, c'est surtout le dernier film de Steve McQueen, et là, on échoue sans arrêt sur les plages austères des clichés tous azimut. Ce n'est qu'un film de plus qui tire sur les grosses ficelles de l'esclavage et qui n'apporte absolument rien comme plus value au genre. Comme à son habitude, McQueen veut tout dire et tout mettre dans un film qui, au final, dure 134 mn, suinte de bonnes intentions (?) et devient indigeste, "un film complaisant" (nouvelobs.com 21 janvier 2014 Nicolas Schaller) qui s'enferme dans les idées reçues qui plaisent au plus grand nombre sans déranger. Les bonnes consciences viendront s'épancher sur cette version starisée de "La case de l'oncle Tom" afin d'y verser une larme. Dommage.

"L'essentiel de 12 Years a Slave consiste en un catalogue des sévices infligés par les esclavagistes, sans idée novatrice de scénario ou de mise en scène." (Serge Kaganski - les InRocKuptibles N°.947 du 22 au 28 janvier 2014).

Frederick Douglass ("Mémoires d'un esclave" Lux Éditeur 2004), cet esclave né en 1818, qui deviendra libre puis homme politique, doit se retourner dans sa tombe en constatant qu'aujourd'hui, ce qu'il reste de l'esclavage, de ces millions d'hommes, de femmes et d'enfants morts, c'est uniquement des images esthétisantes de viols, de coups de fouet, de pendaisons sommaires, d'insultes et d'humiliations. Certes. Mais, l'esclavage c'est tellement plus. Il faut prendre un peu de recul sur les émotions pour se rappeller que c'était avant tout une organisation sociale à part entière. Un système économique mondial structuré sur l'exploitation d'êtres humains. L'Occident s'est uni en une grande fraternité de peuples blancs "grâce" à l'esclavagisme du peuple noir. Mais là n'est pas mon propos, ni celui de McQueen d'ailleurs.

Je reconnais à Steve McQueen le mérite d'avoir terminé son film à temps. En effet, a quelques reprises je percevais ses tentatives d'envoyer le spectateur vers des zones de hors pistes qui me laissaient plus que sceptiques. Par exemple, je me demande encore ce que vient faire, au milieu du film, la séquence où un groupe d'esclaves croise des Amérindiens, des Chowtaws, ou bien des Houmas (originaires de Louisiane) ? Sans un mot, ils se  jaugent du regard puis, comme dans Astérix, ils se retrouvent autour d'un feu à festoyer. C'est surprenant, pas un mot, aucun rapport avec le thème traité, et puis l'action du film se poursuit. Ai-je rêvé ?

Idem pour cette séquence avec un blanc qu'on retrouve sans aucune explication dans le champ de coton au côté des esclaves. Il va dormir dans les mêmes baraquements que les noirs, les soigner lorsqu'ils viennent d'être fouettés, les  trahir aussi. Quelle est l'explication à cette courte scène ?

Twelve years a slave (2)

Mais la cerise sur le gâteau ce sont les "negro spirituals", ces chants entonnés dans les champs de coton par les esclaves. Là, Steve McQueen ose carrément le "Blues" façon delta du Mississipi. J'ai fini par croire que Blind Lemon Jefferson ou Robert Johnson allaient sortir de derrière une balle de coton pour démarrer "Sweet Home Chicago". Pas vraiment sérieux, puisque l'action du film se déroule à partir de 1841, peu de temps avant la guerre de Sécession et qu'à cette époque, peu de chance que le Blues eut été autant développé. "Twelve years a slave" est un film qui se veut trop esthétisant. Steve McQueen reste fidèle à son style et son parcours de vidéaste, pour ma part, je n'ai pas été ému. Visiblement, pour McQueen tout est possible, les blancs sont vraiment méchants et bourrus, Red Neck et autres esclavagistes violents. Et les noirs affrontent avec beaucoup de philosophie la torture de leur quotidien. Mais surtout, ils font le "Blues".

Non merci, sans façon. Je n'ai pas aimé cette vision, somme toute trop simpliste de l'esclavagisme.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
le Monde de kikushiyo
Derniers commentaires
Publicité