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le Monde de kikushiyo
3 août 2014

Pulsions - de Brian de Palma (1980)

Film angoissant qui traite du dédoublement de la personnalité. pulsions-de palmaDe Palma poursuivait son exploration de l'âme humaine et particulièrement de son versant obscur. Dès sa sortie en 1980, "Pulsions" venait confirmer son réalisateur comme un maître incontesté du suspens.

On s'était habitué au fait que De Palma utilisait l'oeuvre d'Alfred Hitchcock comme d'une matière brute avec laquelle il façonnait ses films. Déjà dans "Obsession" (1976), il revisitait "Vertigo" pour une variation qui lui était bien personnelle. Impossible dans ce contexte que pour "Pulsions" ne soit pas évoqué les gênes communs avec "Psychose" et la schizophrénie de Norman Bates. Les références à "Psychose" sont d'autant plus évidentes que le film commence et se conclut par une scène de douche angoissante. Comme dans "Psychose" encore, s'immisce un je-ne-sais-quoi d'esprit moralisateur qui viendrait punir la femme qui faute. Cette fois-ci, Angie Dickinson regrettera d'avoir commis le crime d'adultère. D'une part, elle oubliera sa bague de diamant chez son amant. D'autre part, avant de quitter le domicile du bel inconnu, elle tombera par hasard sur un courrier lui confirmant qu'il est atteint d'une maladie vénérienne. N'en jetez plus. Pourtant, le pire reste à venir. Enfin, les références à Alfred Hitchcock ne s'arrêtent pas là. La scène du Museum New York Metropolitan dans laquelle Angie Dickinson est assise, seule, face au portrait d'une femme qui semble la fixer (West Interior d'Alex Katz - 1979) renvoie à la séquence de "Sueurs froides" ("vertigo" 1958) où Kim Novak est au musée de San Francisco, assise aussi devant le tableau du 'portrait de Carlotta'.

Dans un premier temps, De Palma questionne dans "Pulsions" la transsexualité d'un point de vue psychanalytique et la volonté pour un individu de changer de sexe. Du féminin ou du masculin, y a-t-il un genre qui prime sur l'autre ? Et puis, ces dérèglements psychiques vont vite basculer du côté de la folie et de la psychiatrie. Enfin, le film se terminera par une boucle magistrale du réalisateur qui reviendra vers la psychanalyse en montrant dans une séquence finale la difficulté de refouler les évènements traumatiques. Le scénario est d'une précision horlogère.

Histoire : Dans un ascenseur, une mystérieuse femme blonde tue Kate Miller, la patiente du docteur Elliott, psychiatre. Liz Blake est témoin de l'agression. Mais, parce qu'elle est prostituée, le détective Marino ne prend pas sa déposition au sérieux. Au contraire, ayant touché l'arme du crime, il l'a considère comme la principale suspecte. Désireuse de se débarrasser de ce témoin gênant, la femme blonde suivra Liz avec l'intention de la tuer elle aussi. Le docteur Elliott semble savoir plus de choses qu'il ne le dit à la Police. La tueuse serait aussi une de ses patientes. Afin de se disculper, Liz qui s'est liée d'amitié avec le fils de Kate Miller, un adolescent ingénueux et bricoleur, va mener sa propre enquête, quitte à s'exposer au danger.

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Commentaire : Le film adopte deux tempéraments bien distincts, ce qui lui donne un ton bipolaire. D'un premier abord, il propose une image velouté, sensuelle, pratiquement érotique dans une séquence initiale qui montre Angie Dickinson en train de prendre sa douche, regardant à travers un nuage de vapeur son mari qui se rase. Là, on perçoit un désir indicible qui s'empare d'elle et les images qui suivent restent très suggestives. Mais, comme si ce désir féminin était interdit par les normes sociales puritaines, il est immédiatement et violemment réprimé par une agression et un retour à sa banale réalité. Le film débute donc par cette expression schizoïde des sentiments : désirer puis souffrir. Ce sera, en fin de compte, le fil conducteur du film.

Je crois que "Pulsions" et "Blow out" (1981) sont les deux films de De Palma que je préfère regarder. Non seulement parce que l'histoire et la forme de ces films proposent des parcours envoûtants dans lesquels j'aime me laisser entraîner. Aussi, en s'arrêtant sur le fond, dans les moindres détails, on retrouve toute la quintessence du cinéma de De Palma et ce qui en fait un génie qui se plaît à dé-construire le mythe américain. En l'occurrence, dans "Pulsions" c'est Liz Blake, la prostituée, qui semble réunir des valeurs vertueuses, en opposition à Kate Miller qui incarne pourtant l'image de la bonne mère de famille américaine un peu frustrée et en quête de l'assouvissement de ses fantasmes.

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