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le Monde de kikushiyo
8 décembre 2013

Manhattan - de Woody Allen (1979)

Woody Allen entraîne le spectateur dans une ballade majestueuse à travers Manhattan.

manhattan - woody allen

Dans "Manhattan", on retrouve tous ses sujets de prédilection comme l'érosion d'un couple, la critique de l'Art Moderne, la psychanalyse. Mais cette fois-ci, Allen évoque un thème qui le relie à sa vie privée : la relation qu'entretient un homme de 42 ans avec une adolescente de 17 ans "Je suis plus vieux que son père. Vous y croyez ?" plaisante t'il, "Je sors avec une fille qui a des devoirs." Isaac (Woody Allen) apprendra à ses dépens qu'on ne peux pas se permettre de jouer avec les sentiments d'une adolescente. C'est Mariel Hemingway qui interprète le rôle de la jeune Tracy. Elle est belle et innocente en amoureuse inconditionnelle. Elle conçoit l'amour comme peuvent le rêver les jeunes filles de son âge, c'est-à-dire comme un conte de fée. Bien entendu, Woody Allen n'a pas le profil d'un jeune premier, ni d'ailleurs celui d'un prince charmant. Mais c'est autre chose qu'elle aime chez lui, "sa maturité" ("ça ferait sourire Nabokov"). Je précise que "Manhattan" est une comédie et c'est sous cet angle que le réalisateur aborde des sujets très sérieux. On rit beaucoup d'ailleurs.

L'apparition de Mary Wilkie (Diane Keaton) va quelque peu redistribuer les cartes. Elle semble être le petit cailloux qui va se glisser dans les chaussures des couples de son entourage et les faire dysfonctionner. Déjà parce qu'elle est belle en parfaite citadine "intello" et disponible aussi. Le fait qu'elle ait toujours quelque chose à dire sur tout est pour le moins exaspérant, mais il est difficile de ne pas succomber aux charmes de cette femme fatale. En tout cas, Isaac ne restera pas insensible et devra faire un choix entre, d'une part, l'adolescente qui lui voue un amour passionnel et dont il se tient quelque peu en retrait, d'autre part, Mary qui sait se faire désirer des hommes, mais dont ses relations ne vont pas de soi.

manhattan(2) - woody allen

Je me suis laissé entraîner par ce tourbillon sentimental, filmé en noir et blanc par Woody Allen. La photographie y est somptueuse et apporte un écrin à New York. Chaque image donne au récit un climat intime et pesant qui met en exergue toute l'immanence des relations humaines, où s'entrecroisent autant les passions que les mensonges, autant l'adultère que toute forme de violence qui émanent de la vie d'un couple. Les petites choses du quotidien ont leur place dans le film et leur dimension n'est pas qu'anecdotique.

On restera conquit par le jeu névrosé d'Allen, qui donne l'impression de subir sa vie plus qu'il ne la maîtrise. Les femmes s'imposent à lui et parfois le malmènent (son ex-femme qui refait sa vie avec une autre femme écrit un livre dans lequel elle va livrer le plus intime de leur vie privée, voire les défauts dont il n'est pas fier).

Certains diront encore que "Manhattan" est trop bavard, mais tous les films de maître Woody le sont, et c'est ce qu'on aime. L'amateur du réalisateur New Yorkais sera toujours à la quête d'un bon mot horripilant : alors qu'Isaac doit réduire son train de vie parce qu'il a démissionné : "Je devrais donner moins d'argent à mes parents. Ca va tuer mon père. Il ne pourra plus s'asseoir au 1er rang à la synagogue." ou encore "J'ai écrit une nouvelle sur ma mère intitulée -La sioniste castratrice-". Tous ces dialogues me mettent en joie. Aller, un petit dernier pour la route : "On est juste des êtres humains. Tu te prends pour Dieu ! Isaac répond : Il faut bien que quelqu'un me serve de modèle." J'adore.

Je ne voudrais pas terminer en passant à côté de la beauté de Meryl Streep qui, malgré un rôle trop court, laisse son empreinte sur le film. "Manhattan" est l'essence même du cinéma Allenien. On se laissera donc transporter dans la ville de New York par une calèche, au son de la musique de George Gershwyn.

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