Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le Monde de kikushiyo
24 mai 2013

The wire - Sur écoute - Saison 1 /Saison 2

La force de la série "The Wire", c'est de n'avoir laissé aucun détail au hasard. En effet, au détour d'un regard, d'un silence, il y a tellement de choses qui se passent. Parfois, il n'est pas nécessaire d'être dans le verbeux pour se faire comprendre.

The Wire - Sur écoute - Saison 1

D'ailleurs, sans tous ces détails, la série n'aurait pas plus d'intérêt qu'un épisode de "Hill street blues" (avec tout le respect que je peux avoir pour cette série précurseur des années 80's). Dès le premier épisode, j'ai été saisi par cette saveur particulière que décrit "The wire", quelque chose de sombre, de glauque, que je ne pouvais pas définir. C'est avant tout une incursion sociologique dans l'univers de la drogue d'une cité de la banlieue ouest de Baltimore. On y découvre une facette méconnue de l'amérique. Celle des cités, des quartiers, tels qu'on à plutôt l'habitude de les voir dans des scénarii en France. Là, les toxicomanes font la queue en attendant le produit et, ce supermarché est à ciel ouvert. Cela me rappelait ma vie dans un quartier de la banlieue nord de Paris où je n'avais qu'à me pencher à la fenêtre pour voir ces mêmes files indiennes de toxicos. C'est ce que décrit la série.

Le quotidien d'une équipe de la criminelle est montré sans fioriture. Le toxicomane, quand il sort d'un shoot, il est endormi, peu cohérent et le filet de bave déborde des lèvres. Le flic sait monnayer un billet contre une information balancée à la sauvette. A ce propos, je veux tirer un méga coup de chapeau à André Royo qui interprète Reginald "Bubbles" Cousins le toxico de service. Il est excellent dans ce personnage très secondaire dans un premier temps, mais les scénaristes lui ont donné, au fil des épisodes, plus de poids et d'ampleur. Aussi, lorsque Jimmy McNulty, l'inspecteur très malheureux en amour, qui a un penchant pour l'alcool, se réveille après une soirée particulièrement arrosée, on aura droit à l'auréole de bave sur l'oreiller. Encore un détail qui fait son effet.

On est donc, dans l'Amérique d'en bas, celle qui se demande de quoi demain sera fait ? Celle qui rit du combat entre un chien et un rat (saison 2). Celle où les dealers participent à des cours d'économie et s'intéressent au principe de l'offre et de la demande (saison 2). Cette banlieue mondiale où les petites gens participent à la "débrouille" pour améliorer leur quotidien. Tout cela m'a donné envie de me replonger dans la lecture de John Dos Passos, Steinbeck, ou même Eric Miles Williamson, qui décrivent cette Amérique qui croupit dans la fange. Alors promis, Le Monde de Kikushiyo présentera bientôt "Bienvenue à Oakland" d'E. Miles Williamson ; "L'initiation d'un homme : 1917" et "42e Parallèle" de Dos Passos et même "Le noir est une couleur" de Grisélidis Réal. Par contre, j'attendrai un peu que "Baltimore" de David Simon sorte en livre de poche (question de prix). Justement, David Simon, c'est le créateur de "The Wire". A travers la galerie de portraits, il dépeint un véritable précis de sociologie. On y trouve Omar, le truand balafré qui vol les dealer, c'est un peu le Robin des Bois de Baltimore. Homosexuel, il n'en restera pas là quand son petit copain sera agressé. On trouve aussi le portrait de Kima Greegs, jolie détective très masculine qui vit avec une femme. Et puis, dans la saison 2, ce fils de docker qui travaillera sur les quais et voudra se lancer dans les petits trafics. Etc...

On est pas dans le politiquement correct et c'est bien. Même si la communauté noire est très représentée à tous les niveaux de l'échelle sociale, la question raciale n'est pas prioritaire dans la série. Ce qui l'est c'est avant tout la question du bien et du mal. On peut s'attacher à un dealer, ou bien s'intéresser à la partie d'échecs de deux jeunes guetteurs qui feront presque de la philosophie lorsqu'il s'agira de faire la métaphore entre les règles du jeu et l'ascenssion sociale : "le petit pion, il gravit les cases une par une et s'il arrive au bout de l'échiquier, il devient la reine qui est la pièce la plus puissante".Quel est le bon côté de la barrière ? Devrons-nous préférer le politicien corrompu, plutôt que le flic qui mettra des bâtons dans les roues de ses collègues pour changer de grade, ou bien le petit dealer qui vend pour nourrir ses frères et soeurs lorsqu'ils ont été abandonnés par leurs parents ? Quoiqu'il en soit, je ne sais pas si la question est de préférer ou pas tel ou tel personnage, mais plutôt de se laisser porter par cette excursion ethnologique dans Baltimore.

La saison 1 de "The Wire - Sur écoute" est une mine d'or dans laquelle chaque épisode recèle quelques pépites. Par exemple, lorsque dans l'épisode 4, deux détectives, dont Mc Nulty, rentrent chez une victime et qu'il découvrent plusieurs indices concordants, pendant presque 4 minutes le seul dialogue est "fuck!", "mother fucker!" ou encore "fuck me!" (extrait ci-dessous). Fallait y penser, Génial, sourire garanti.

Une fois de plus, c'est la chaîne câblée payante américaine HBO qui a diffusé "The Wire" ("Sur écoute") et qui fait dans le très haut de gamme de la série TV. Mais où s'arrêteront-ils ? Après des chefs-d'oeuvres comme "Les Soprano" ; "In Treatment - En analyse" ; "Six feet under" ; "Oz" et j'en passe, "The Wire" pour sa saison 1, semble être la série la plus aboutie. Bien entendu, ce n'est pas la série qu'on va diffuser sur une chaîne familiale à une heure de grande écoute (ben oui, ce n'est pas Starsky et Hutch et Huggy-les-bons-tuyaux, il a plein de cousins dans "The wire" et promis, ils ne vendent pas que des autos radios). HBO propose une trilogie du mafieux, du gang et ce qui en découle, c'est-à-dire la prison. Ainsi, la Dream Team des années 2000 serait "Oz", "Les Soprano" et "The Wire". On y retrouve beaucoup d'ingrédients comparables : du réalisme, du sociétal, mais surtout une grande dose d'humour. On retrouve, par exemple, les Clubs de Pole Dance dans "Les Soprano" avec le Bada Bing et pour "The Wire", les hommes se retrouvent pour un verre ou des confidences chez Orlando.

Enfin, je mettrai un bémol sur la saison 2 qui n'atteint pas la hauteur et la puissance de la première saison, à part peut-être l'agréable surprise que j'ai eu d'entendre Tom Waits comme musique du générique. Sur les docks de Baltimore, l'action y est moins dense que dans les cités. Bien entendu, on retrouve les personnages principaux, truands, dealers et politiciens corrompus, mais la saveur n'est plus la même. Dommage. Disons qu'avec la saison 2 on retrouve la routine habituelle des bonnes séries TV,

24 mai 2013

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
le Monde de kikushiyo
Derniers commentaires
Publicité